Cygnes d'hier: leur histoire dans notre histoire.

 

 L'apparition, la présence et la constance des cygnes tuberculés en France ne semble pas très ancienne. Au XVII ème siècle sous Louis XIV de nombreux cygnes sont importés pour "décorer" rivières et étangs pour le plaisir des yeux de la cour. Ils sont à l'époque considérés comme ornement mais aussi comme met de choix et il n'est pas rare de les retrouver au menu de grandes occasions. Mais des "recettes" remontent à bien avant, et des coutumes de chasses et de revendications de propriété sont évoquées dès le XV ème siècle: "...Aux noces de Charles le Téméraire (1468) on servit deux cents cygnes en un jour..." Mais les cygnes n'ont pas fait que ravir les yeux et les papilles. Ou l'on découvre que la mode et le confort ont aussi bénéficié de leurs bienfaits...

Vous trouverez ci-après un résumé lapidaire mais bien fait de la présence des cygnes sur le territoire français des origines à nos jours (travail de l'INPN : Patrick  Triplet, Jean-Denis Vigne et Philippe Clergeau), qui vous donnera un aperçu sommaire, mais préalable nécessaire pour comprendre l'histoire des cygnes en France.

A la suite de nombreux extraits de textes comme autant d’anecdotes du quotidien qui nous en disent beaucoup sur le mode de vie de nos ancêtre et de leur rapport au cygne. Les textes ont volontairement été laissés "dans leur jus" pour mieux en ressentir le contexte.

 

 

 

 

 


 

Cygnus olor (Gmelin, 1803) d'hier à nos jours

 

 

L'aire initiale de reproduction du Cygne tuberculé couvre l'Asie centrale jusqu'à l'est de la Chine et le centre et le nord de l'Europe (Del Hoyo et al., 1992). Son introduction comme oiseau d'agrément dès le Moyen Âge, notamment en Autriche, en Suisse, et en Allemagne lui a permis de constituer des populations marronnes dans l'ouest et le sud de l'Europe (Wieloch et al., 1997).

Le Cygne tuberculé est une espèce du répertoire subfossile du Pléistocène supérieur de France rarement citée : trois mentions par Mourer-Chauviré (1975) et une seule par Laroulandie (2000). Il en va de même pour l'Holocène préhistorique puisque, à notre connaissance, il ne fait alors l'objet que d'une seule mention relative aux dépôts archéologiques mésolithiques de la région de Bonifacio en Corse (Cuisin, 2001).

Avec les temps historiques, ces mentions deviennent de plus en plus fréquentes, notamment à partir du Moyen Âge central. C'est ainsi que la présence du Cygne tuberculé est signalée dans un site rural du Pas-de-Calais daté de la seconde moitié du 2ème siècle (Vadet, 1988), dans des sites urbains de Boulogne datés du 3ème siècle (Vadet, 1986), puis dans des sites urbains seigneuriaux médiévaux de Compiègne daté des 10ème et 12ème siècles (Yvinec, 1997), de Saint Denis daté du 12ème-13ème siècle (Morel, 1985), de Bourges daté de la fin du 12ème et du début 13ème siècle (Callou & Marinval-Vigne, 1999) et de Senlis également daté des 11ème-12ème siècles (Clavel, 2001), et d'autres sites des 14-16ème siècles de Picardie (Clavel, 2001). Par ailleurs, l'espèce est mentionnée au nombre de celles consommées au Moyen Âge d'après deux ouvrages de la fin du 14ème siècle, dont un réédité au 15ème siècle (Saly, 1984 ; Marinval-Vigne, 1993) et figure sur la liste des espèces à l'étale établie sur 41 marchés allant de 1602 à 1711 (Couperie, 1970). Enfin, Lever (1987) dit le Cygne tuberculé établi sur plusieurs rivières autour de Paris au cours du 17ème siècle. La disparition de ces populations se serait produite au cours des siècles suivants.
Si les restes osseux du Cygne tuberculé sont relativement abondants dans les sites archéologiques des deux derniers millénaires, ils sont souvent difficiles à différencier, d'une part de ceux du Cygne chanteur (Cygnus cygnus) actuellement hivernant en France, d'autre part de ceux d'animaux apprivoisés, domestiques ou marrons, dont la présence est attestée sur le territoire dès la fin du Moyen Âge au plus tard. Par ailleurs, si certaines de ces mentions pouvaient être attribuées sans ambiguïté à des sujets sauvages du Cygne tuberculé, aucune n'est actuellement susceptible d'étayer de manière solide que l'espèce se reproduisait en France à ces époques.

Jusqu'au début des années 1930, la forme sauvage du Cygne tuberculé demeure rare en France et n'y apparaît qu'à l'occasion de vagues de froid de grande intensité (Mayaud, 1936), comme cela a été encore le cas pendant l'hiver 1962-1963 (Roux & Spitz, 1963). C'est à partir des années 1970-1975 que, rompant sa dépendance totale du voisinage de l'Homme pour se reproduire, il débute sa conquête du territoire national par les lacs de Savoie, les rives du Rhin et les étangs de Picardie. Depuis, il a colonisé la quasi-totalité du territoire continental de la France à l'exception de l'Auvergne, du Midi-Pyrénées, du Languedoc, et de la Corse (Maury & Triplet, 1994). La Camargue qui a hébergé son premier couple nicheur en 1986 en hébergeait 47 à 53 répartis sur 20 sites en 2000 (Kayser, 2003). L'effectif de ses reproducteurs est estimé à 500 couples en 1980 et à prés de 1000 couples à la fin des années 1990 (Dubois et al., 2000).

Probablement absent de la faune de France à la fin de la dernière glaciation et tout au long de l'Holocène jusqu'aux temps historiques, le Cygne tuberculé est rangé ici au nombre des espèces allochtones du territoire de la France. Introduit volontairement dans un but ornemental et de prestige à l'occasion d'initiatives privées dès la fin du Moyen Âge, voire avant, ses actuelles populations établies dans le milieu naturel sont le produit d'un marronnage récent, leurs fondateurs étant issus d'élevages extensifs.

L'impact de cette espèce sur ses écosystèmes d'accueil n'est pas spécifiquement documenté. Cependant, nichant dans des milieux humides parmi d'autres oiseaux d'eau, elle manifeste parfois à leur égard des comportements territoriaux très agressifs (Maury & Triplet, 1994). Par ailleurs, végétarienne, elle agit sur la flore aquatique et des berges par prélèvements et piétinement et induit une eutrophisation du milieu aquatique par ses déjections (Maury & Triplet, 1994).

Le Cygne tuberculé, inscrit sur la liste des oiseaux protégés en France, à l'annexe II de la Directive Oiseaux, et à l'annexe III de la Convention de Berne (Dubois et al., 2000), ne fait pas l'objet de mesures de gestion particulières en France.

Carte de pésence sur le territoire.  Données INPN


 

Les cygnes dans la vie privée des Français d'antan

 

 

 


 

 Notice sur les cygnes 1844 , par M. Gérard

 Document proposé sous forme de diaporama à faire défiler à la demande et possibilité de plein écran pour une meilleur visibilité

 

 


 

Recette de cygnes... d'antan

 Le document est clicable pour une meilleur visibilié dans une nouvelle fenêtre.

 

 


 

Récit des entrées royales et princières dans Amiens

 Le document est clicable pour une meilleur visibilié dans une nouvelle fenêtre.

 

 

 


 

Les cygnes et la classe agricole au moyen-âge

 Document proposé sous forme de diaporama à faire défiler à la demande et possibilité de plein écran pour une meilleur visibilité